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Technologie et gouvernance de l’information

Les neurotechnologies et la nécessité d’une action mondiale concertée

Les récentes avancées en matière de neurotechnologies et l’attrait grandissant à leur égard par certains géants des technologies de l’information laissent présager qu’au cours des prochaines années, nous pourrions assister à une véritable révolution en la matière.

À ce titre, en avril dernier, Facebook annonçait avoir mis en place une équipe de soixante experts travaillant sur un système qui permettrait de lire les ondes cérébrales. Le but de ce système serait de permettre à son utilisateur de rédiger des textes uniquement par le biais de la pensée1. Facebook n’est pas le seul acteur à s’être lancé dans l’aventure. À l’heure actuelle, des chercheurs développent des technologies permettant, entre autres, de doter notre cerveau d’une intelligence artificielle2, de traduire nos pensées en image3 ou de prédire certains comportements4. En somme, l’attrait pour les neurotechnologies semble se justifier en ce qu’elles permettraient l’amélioration de notre condition de vie en général. 

Toutefois, malgré leurs promesses de bienfaits, celles-ci font craindre à certains la possibilité d’abus5. Des informations aussi sensibles que celles issues de la pensée pourraient inciter des personnes malintentionnées à tenter d’en tirer profit. Il deviendrait alors impératif de se doter de règles claires permettant d’encadrer l’utilisation de telles technologies. À l’heure actuelle, les droits internationaux de la personne sont silencieux quant à l’encadrement de l’utilisation des neurotechnologies6. Afin de permettre une saine évolution de celles-ci et d’assurer la protection de leurs utilisateurs à travers le monde, les auteurs Marcello Ienca et Roberto Andorno proposent l’instauration de quatre nouveaux « droits de la personne » :

1)    le droit à la liberté cognitive 

 Se résume essentiellement au droit de choisir ou non d’altérer son état mental avec l’aide des neurotechnologies.

2) le droit à la « vie privée mentale » 

Selon les auteurs précités, le droit à la « vie privée mentale » se distingue du droit à la vie privée traditionnel puisque, dans le premier cas, les informations à protéger sont intimement reliées à la personnalité du sujet et que les données permettant de les rassembler sont collectées différemment. Ainsi, selon eux, les « données cérébrales » devraient recevoir un traitement différent de celui réservé traditionnellement aux renseignements personnels.

3) le droit à l’intégrité mentale

Ce droit fait référence à la possibilité qu’une intrusion dans le cerveau d’une personne puisse entrainer des conséquences neurologiques. Ainsi, une personne ne pourrait s’introduire dans le cerveau d’une autre dans le but d’altérer ou d’influencer, sans son consentement, le calcul neuronal de cette dernière. Ce droit permettrait de développer le concept de « neurocriminalité ». On cherche, par exemple, à éviter que des criminels tentent d’effacer certaines parties de la mémoire de leurs victimes. 

4) le droit à la continuité psychologique

Les neurotechnologies peuvent être utilisées pour stimuler ou moduler certaines fonctions cérébrales. Par conséquent, selon les auteurs précités, certaines manipulations peuvent avoir un effet sur la personnalité même du sujet7. Il devient donc pertinent de confirmer le droit de l’utilisateur de la neurotechnologie de préserver sa personnalité initiale. 

En conclusions, bien que les neurotechnologies présentent des avantages indéniables, celles ci comportent également des enjeux éthiques d’importance. À ce titre, l’étude des auteurs Ienca et Andorno semble présenter de bonnes pistes de solutions concernant leur encadrement. Celle-ci jette les bases d’une opportunité pour les différents acteurs de participer à l’élaboration d’un cadre juridique efficace afin de protéger le dernier bastion de ce qui nous reste de notre liberté personnelle.

1 Olivia SOLON, « Facebook has 60 people working on how to read your mind », The Guardian, en ligne : <https://www.theguardian.com/technology/2017/apr/19/facebook-mind-reading-technology-f8>, 19 avril 2017, (page consultée le 1er mai 2017).
 2 « Elon Musk wants to connect brains to computers with new company », The Guardian, en ligne : < https://www.theguardian.com/technology/2017/mar/28/elon-musk-merge-brains-computers-neuralink>, 28 mars 2017 (page consultée le 1er mai 2017)
 3 Shinji NISHMOTO et al., « Reconstructing Visual Experiences from Brain Activity Evoked by Natural Movies », dans Current Biology, Vol. 21, n° 19, édition du 11 octobre 2011, Elsevier, Amsterdam, en ligne :  <http://dx.doi.org/10.1016/j.cub.2011.08.031> (page consultée le 1er mai 2016).
 4 Marcello IENCA et Roberto ANDORNO, « Towards new human rights in the age of neuroscience and neurotechnology », dans Life Sciences, Society and Policy (LSSP) 2017 13 :5.
5  Id.
6  Id.
7  Id., les auteurs citent des études où on aurait même observé une augmentation de l’impulsivité et de l’agressivité du sujet lors de stimulations cérébrales. 

 

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